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Lettre ouverte à M. François Blais, ministre de l’Éducation du Québec, concernant l’inclusion des étudiants en situation de handicap (ÉSH[1])

 

ENGLISH VERSION

 

Monsieur le Ministre,

 

Le 3 décembre avait lieu la Journée internationale des personnes handicapées. Malheureusement, l’AQEIPS[2] n’a pas beaucoup de bonnes nouvelles à fêter. En fait, c’est tout le contraire.

 

Le programme d’allocation pour des besoins particuliers – volet adultes (PABP) n’existe plus. Il incombe désormais aux institutions postsecondaires de gérer elles-mêmes l’enveloppe budgétaire administrée jusqu’ici par le gouvernement, et donc de répondre seules aux multiples besoins des ÉSH. Mais savez-vous vraiment quels effets cette abolition peut avoir? Les écoles professionnelles et les cégeps vont devoir complètement repenser leurs façons de faire. La désorganisation qui s’annonce sera sans conteste synonyme de perte de temps, d’argent et d’efficacité.

 

C’est l’une des craintes dont nous ont fait part les intervenants et professionnels que l’AQEIPS a rencontrés dans le cadre du projet de campagne provinciale en 2015 financé par l’OPHQ[3]. Cette tournée du Québec, qui avait pour objectif d’informer les ÉSH sur leurs droits et de faire un état des lieux de l’inclusion, nous a amenés dans 4 écoles secondaires, 10 cégeps, 2 écoles des adultes, situés dans 14 villes de 10 régions. Les 160 acteurs scolaires qui nous ont parlé (étudiants, orthopédagogues, conseillers en orientation et en services adaptés, enseignants) sont les premiers concernés par les coupes budgétaires et ils vivent la problématique de l’inclusion au quotidien. Leur constat est sans appel :

 

1) Les bureaux sont sous-financés et peu adaptés à la réalité

 

L’abolition du programme d’allocation survient après les modifications contestées des évaluations des cotes des élèves handicapés, au primaire et au secondaire, par le ministère de l’Éducation. Ce sont ces cotes qui déterminent le montant des ressources allouées aux établissements.

À la question du sous-financement s’ajoute celle du manque d’ajustement des ressources financières pour le niveau postsecondaire. Les versements sont proportionnels au nombre d’étudiants dénombrés l’année précédente et ne répondent donc jamais aux besoins de l’année en cours. Ici encore, ce sont les plus petites régions qui en pâtissent le plus : comme elles ont moins d’ÉSH, les conseillers spécialisés ne sont pas outillés quand ils doivent faire face à des besoins plus spécifiques.

 

2) La collaboration entre les établissements au niveau des transitions scolaires est difficile

 

Dans les centres urbains, la communication entre les écoles secondaires, les cégeps et les universités est plus difficile à cause du nombre d’élèves et du manque de personnel. Il n’y a pas ou peu de suivi de dossiers des élèves lors de leur passage d’un établissement à l’autre. C’est pourtant un point essentiel dans le parcours d’un ÉSH, qui présente en moyenne 30 % de plus de risques d’échec (MELS, 2013).

 

3) L’élaboration du diagnostic est de plus en plus complexe

 

Les suppressions de postes d’orthopédagogues et d’orthophonistes allongent les délais pour le diagnostic – mais aussi le suivi auprès des ÉSH. Établir ce diagnostic est encore plus complexe dans les zones rurales, où les ÉSH doivent souvent se rendre dans un centre éloigné pour voir un spécialiste.

 

4) Les enseignants manquent de ressources

 

Si l’inclusion est une condition de réussite (UNESCO, 2015), elle n’est possible qu’avec les ressources appropriées. Intégrer un ÉSH dans une classe régulière ne se résume pas à un simple transfert. Les enseignants doivent déjà composer avec des classes chargées. On leur demande maintenant d’accompagner ces élèves qui réclament un encadrement particulier, sans recevoir la formation adéquate ni bénéficier des ressources nécessaires.

 

En conclusion, Monsieur le Ministre, nous avons rencontré des gens très impliqués, mais la majorité d’entre eux voient leur bonne volonté freinée par des obstacles administratifs et un manque cruel de ressources. In fine, ce sont les ÉSH, déjà exclus du système, qui sont les plus pénalisés par ces compressions. Suite à ce constat, nous soulevons une question essentielle : comment l’école peut-elle être adaptée à tous les élèves quand on supprime précisément les mesures censées garantir cette adaptation et donc l’égalité des chances? En conséquence, nous vous demandons un réinvestissement massif dans les ressources offertes aux ÉSH.

 

 

[2] L’Association québécoise des étudiants ayant des incapacités au postsecondaire (AQEIPS) est une association dont la mission se décline en trois volets : défendre les droits des ÉSH, promouvoir l’égalisation des chances en éducation et encourager l’adoption du modèle social du handicap.

[3] L’OPHQ est l’Office des personnes handicapées du Québec.

(4 commentaires)

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    • Suzanne Poirier on décembre 11, 2015 at 12:58 pm
    • Répondre

    J’appuie sans réserve

    • Suzanne Poirier on décembre 11, 2015 at 12:58 pm
    • Répondre

    J’appuie sans réserve.

    • Yolanda Munoz on décembre 14, 2015 at 10:37 pm
    • Répondre

    Le Gouvernement provincial a aussi l’obligation de respecter l’Article 24 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (Éducation), selon le communiqué du 11 mars 2010 (http://www.mrif.gouv.qc.ca/fr/salle-de-presse/communiques/2010/2010_03_11-2)

    Fraction 5 – Les États Parties veillent à ce que les personnes handicapées puissent avoir accès, sans discrimination et sur la base de l’égalité avec les autres, à l’enseignement tertiaire général, à la formation professionnelle, à l’enseignement pour adultes et à la formation continue. À cette fin, ils veillent à ce que des aménagements raisonnables soient apportés en faveur des personnes handicapées.

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